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La théorie de l'efficience des marchés financiers

A) Principe

L'efficience des marchés financiers est une théorie, issue de la notion de marchés purs et parfaits conçus au XIXe siècle, dont la définition est évolutive. La première définition est celle de Fama et date de 1965 : un marché financier est efficient si et seulement si l'ensemble des informations disponibles concernant chaque actif financier coté sur ce marché est immédiatement intégré dans le prix de cet actif.

Pour aboutir au bon fonctionnement des marchés, cinq conditions en rapport avec la définition de Fama doivent être de vigueur :

  • la rationalité des investisseurs, c'est-à-dire que toute anticipation issue d'un événement positif doit conduire l'investisseur à acheter (ou à conserver) et toute anticipation issue d'une information négative doit le mener à vendre. On parle d'anticipations rationnelles.
  • la libre circulation de l'information et la réaction instantanée des investisseurs afin que le prix de l'actif intègre instantanément l'information. Cela suppose que tous les agents puissent bénéficier de la même information dans le même temps et qu'ils puissent tous immédiatement agir sur le marché dans des conditions identiques.
  • la gratuité de l'information pour éviter la non-réaction volontaire en vu d'un prix trop élevé de l'information par rapport aux possibilités d'évolution du cours.
  • L'absence de coûts de transaction et d'impôt de bourse qui pourraient avoir pour conséquence d'annuler des gains potentiels, dans quel cas les investisseurs n'auraient aucun intérêt à intervenir.
  • l'atomicité des investisseurs et la liquidité ; un investisseur ne mettra pas en vente ses titres si cet agissement à lui-seul peut faire chuter le cours du titre.

Il découle de l'hypothèse d'efficience que celle-ci concerne tous les marchés, tous les secteurs et toutes formes d'actifs financiers, que des conditions draconiennes soient respectées sur les informations et surtout qu'aucun investisseur ne pourra exploiter l'information en vu de réaliser un profit et que, forcément, la lecture du cours à venir d'un actif est impossible. Sur le long terme, il est normalement impossible de surperformer le marché ; cette dernière idée correspond à l'efficience informationnelle. L'efficience dans l'évaluation de la valeur fondamentale est présente lorsque le prix du marché reflète la valeur réelle de l'entreprise cotée ; un troisième type d'efficience est celle de la diversification du risque et l'efficience allocative représente une synthèse des trois précédemment citées.

Les hypothèses et conditions de la théorie de l'efficience n'étant généralement pas vérifiées du fait de la vigueur de la définition de Fama, Jensen a proposé en 1978 une autre définition : un marché est efficient si les prix des actifs cotés intègrent les informations les concernant de telle manière qu'un investisseur ne peut, en achetant ou en vendant cet actif, en tirer un profit supérieur aux coûts de transaction engendrés par cette action. Jensen insiste donc sur l'impossibilité de réalisation de profit et exclut l'absence de coûts de transaction. Les conclusions des analyses à propos de l'efficience des marchés dépendent parfois de la définition sur laquelle on se base. Nous nous appuierons sur la définition de Fama qui est habituellement considérée comme la plus complète et la plus riche.

B) Les trois formes de l'efficience des marchés financiers

Suite à la définition de Fama, on peut affecter la théorie de l'efficience des marchés financiers de trois degrés différents en fonction de la nature des informations : déjà connues, présentes ou privilégiées. Les différentes formes de l'efficience s'appliquent donc à la condition informationnelle.

La forme faible prétend qu'il n'est pas possible de tirer parti des informations passées concernant un actif financier pour prévoir l'évolution future du prix de cet actif, c'est-à-dire que le prix d'un actif prend en compte toutes les informations contenues dans les prix passées. Un investisseur ne peut donc pas réaliser de profit sous la forme faible de l'efficience car ses prévisions nées de l'analyse des prix passés ne sont aucunement certaines. Des tests ont été menés afin de savoir si cette forme faible de l'efficience des marchés financiers est valide ; les résultats se sont révélés globalement positif même si quelques tests remettent en cause cette forme faible.

La forme semi-forte affirme qu'il est impossible de tirer parti d'informations, au moment même où celles-ci sont rendues publiques, pour prévoir les variations de cours futurs d'un actif. Le traitement de l'information publique entraîne une réaction instantanée des investisseurs qui ne peuvent en tirer un avantage. Autrement dit, si le cours d'un actif varie instantanément à la publication d'une information, le forme semi forte est valide ; plus le cours répond rapidement à une information, plus l'efficience des marchés financiers est acceptée. Les tests sont mitigés quant à la validation de cette forme semi-forte car l'ajustement du cours d'un actif à l'issu de la publication d'une information peut être rapide mais rarement immédiat.

La forme forte prétend qu'il n'est pas possible à un investisseur de tirer un avantage d'une information privilégiée c'est-à-dire non publique. Evidemment la croyance en cette forme d'efficience est beaucoup plus subjective et paraît invraisemblable. Le délit d'initié n'existerait donc pas, au contraire toute action sur le marché d'un investisseur bénéficiant d'informations privilégiées servirait à renseigner les autres investisseurs. Les tests ne sont pas assez probants pour affirmer que la forme forte de l'efficience des marchés financiers est valide.

C) La valeur fondamentale

De l'efficience informationnelle des marchés, se dégage la conclusion que le prix d'une action incorpore toutes les informations disponibles, soit la totalité de l'information possible si l'on se place dans l'hypothèse de la forme forte de l'efficience. Ainsi en analysant l'ensemble des informations économiques, comptables et financières d'une entreprise, il est possible de déterminer la valeur fondamentale qui la caractérise et d'en déduire la valeur d'une de ses actions. Il existe diverses méthodes de calculs de cette valeur. Une première consiste à additionner la valeur des actifs d'une entreprise et sa capacité à faire des bénéfices. Une autre méthode consiste à déterminer la somme actualisée de ses bénéfices futurs. Il s'agit alors de prévoir les dividendes futurs de la société.

En théorie, les différents prix successifs d'une action devrait osciller autour de cette valeur intrinsèque, résultat des caractéristiques propres à la firme. La valeur fondamentale apparaît alors comme une moyenne sur le long terme du prix des actions.

Il semble donc qu'un marché efficient est un marché efficace au sens où il réalise sa fonction, c'est à dire qu'il permet une allocation optimale des ressources. Cependant, ce fonctionnement reste théorique et de nombreux auteurs ont essayé de remettre en cause ce concept.

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